dimanche 27 juin 2010

Le thé à la Menthe

Dans son périple, la préparation du thé à la menthe a évolué en fonction des régions et de la saisonnalité. Cette cérémonie n'est pas rigide, elle s'adapte à votre vie et à votre personnalité. Les recettes et les saveurs sont multiples, elles varient en fonction des ajouts de plantes aromatiques et des épices. Chaque infusion aura ainsi un caractère unique.
Le thé à la menthe se prépare toujours face au cercle d'invités.


Ingrédients essentiels pour chaque «Berrad» de 50 cl:

- 1 poignée ou 3 cuillérées de thé vert chinois Gunpowder ou Hyson.
- 4 à 7 morceaux de sucre N°4 ou l’équivalent extrait d’un pain de sucre «kaleb soukar».
- 1 gros bouquet de menthe Nanah fraiche.


Préparation:

Porter l’eau à ébullition.
Préchauffer le fond et les parois de la théière avant d’introduire le thé à l’intérieur.
Rincer les feuilles de thé avec l’eau bouillante pour leur ôter l’astringence, jeter ensuite cette eau de mouillage.
Ajouter le bouquet de menthe Nanah, puis les morceaux de sucre choisis.
Remplir la théière d’eau bouillante et laisser infuser 1 à 3 minutes.
Verser du thé de la théière dans un verre, reverser ensuite le contenu dans la théière pour mélanger les ingrédients.
Refaire cette opération plusieurs fois.
Goûter le thé dans un verre et ajuster la préparation en rajoutant si besoin, quelques feuilles de menthe ou du sucre, jusqu'à ce que l’infusion semble idéale ou parfaite.
Préparer les deux autres services avec les mêmes feuilles de thé et de menthe.


Quelques astuces:

- Pour une infusion parfaite du thé, l’eau doit être bouillante et non frémissante, contrairement aux idées reçues.
- Le "berrad", si possible ancien, en argent et bien culotté.
- En plus de rincer le thé pour lui enlever son amertume, les opérations de mouillage et de rinçage ont l’avantage de préchauffer votre théière et de maintenir la chaleur de votre liqueur plus longtemps.
- Il n’y a pas de mesure exacte du thé, en règle générale, c’est une poignée prélevée à l’instinct. L’amertume de l’infusion dépend de la quantité de thé introduite, le meilleur dosage sera celui qui s’adapte à vos papilles ou à votre touche personnelle.
- On prépare le thé avec de la menthe fraiche, beaucoup de menthe.
- La quantité de sucre est approximativement quatre à cinq fois supérieure à la quantité de thé ajoutée dans la théière.







Quand l’hospitalité marocaine est associée à la cérémonie du thé à la menthe, c'est une alliance entre l’enthousiasme, le rapprochement et une signature aromatique.
Lors de la préparation, on prend son temps, on discute, mais c’est toujours très chaud que le thé est offert aux visiteurs.

dimanche 20 juin 2010

l'Hospitalité Marocaine

Pour les populations du Sahara, le thé fait partie des 3 boissons vitales pour la survie dans le désert avec l'eau et le lait.

Originaire du Maroc au XVIIIème siècle, la préparation du thé à la menthe était un rituel royal conduit par le Moul Atai (le maître de thé).
Traditionnellement, les accessoires indispensables à ce cérémonial se composaient de deux grands plateaux.
Le premier reçevait les verres en cristal de Saint-Louis et deux théières.
Le second, plus imposant, présentait une grande boite pour le sucre, une boite moyenne pour la menthe fraiche et une petite pour le thé vert, une timbale pour la cuillère, des plantes aromatiques, un petit marteau de bronze pour fendre le pain de sucre et une fiole d'eau de fleur d'oranger.
Maintenue au chaud, une bouilloire d'eau portée à ébullition.

Toujours utilisés, ces objets raffinés sont principalement réservés aux évènements exceptionnels.


Boisson traditionnelle et intemporelle par excellence, le thé au Maroc est bien plus qu’une boisson chaude. C’est un art de vivre.
Le cérémonial actuel respecte le même protocole que celui destiné au Sultan à l’époque.
Sur cette photographie ancienne, le Samovar sert de réservoir d'eau chaude.


Essentiellement masculin, ce rituel appartient généralement au chef de la famille ou à l’invité que l’on veut honorer en lui confiant cette tache.
A l’occasion d'une réception officielle, il n'est pas exceptionnel de faire appel à un spécialiste qui maîtrise l'art de réussir un bon thé à la menthe ou l'incontestable talent de faire déguster à l'assemblée, une liqueur aromatique qui ne ressemblera à aucune autre.


Selon les régions, la préparation diffère mais le rituel est toujours le même en principe.
Deux théières sont préparées simultanément.
Lorsque le mélange est parfaitement réalisé, le remplissage des verres s’effectue en élevant simultanément les deux théières, de façon à homogénéiser et équilibrer l’extraction des infusions, oxygéner, déposer une légère corolle de mousse à la surface et rehausser la flaveur sirupeuse du thé.


Le service du thé respecte un ordre de préséance suivant l’âge, le rang social, les convives et il ne se refuse pas, c'est une main tendue.
Traditionnellement, trois infusions successives sont servies aux invités. Au fur et à mesure de la cérémonie, les tonalités aromatiques évoluent, astringente et amère au premier verre, équilibrée au second et légère au troisième.
Cette évolution des saveurs est accréditée par un proverbe Arabe.


Le premier verre est aussi amer que la vie.
Le deuxième est aussi fort que l'amour.
Le troisième est aussi doux que la mort.

Des plateaux de gâteaux ou pâtisseries orientales et des fruits secs accompagnent fréquemment le thé à la menthe.
Pour les visiteurs courtois, il est d’usage de prendre congés à l’issue du dernier service.

Edifié comme le symbole de l'hospitalité dans l’ensemble des pays du Maghreb, c’est l’occasion idéale pour des retrouvailles familiales, un instant de convivialité entre amis ou partenaires commerciaux.


Un remarquable cérémonial d'alchimiste, associé à la délectation, à la tentation, à nos sensations, mais encore et surtout à l’esprit.


Crédits Photos: Marc Duminy - Photo 1 / Photo 2
Photomontage: LBT-Teastories

dimanche 13 juin 2010

Popularisation du thé, du Maroc aux pays du Maghreb

Boisson réservée à élite au XVIIIe siècle, le Sultan Moulay Ismaël (1672-1727) appréciait cette boisson que les ambassadeurs et mandataires britanniques ou hollandais lui remettaient en guise de cadeaux.
Un siècle plus tard, en dépit du blocus sur les accès maritimes de la méditerranée, le thé trouva de nouveaux débouchés et son usage fut rapidement reconnu pour ses vertus et ritualisé dès son introduction au Maroc.

Importants producteurs et détenteurs du monopole du thé sur l’Europe et les Etats-Unis, les britanniques furent interdit d’accès sur les marchés slaves en conséquence à la guerre de Crimée.
Les bateaux Anglais franchissent le détroit de Gibraltar mais restent bloqués dans le bassin méditerranéen avec de grandes quantités de thé chinois amarrés dans les cales. Soucieux d’éviter une crise économique grave, ils concentrent alors leurs activités de négoce vers les ports marocains de Mogador et de Tanger, en quête de nouvelles options pour écouler leurs cargaisons de thé vert.



Grâce à un accueil favorable de toutes les couches sociales de la population locale et des nomades berbères habitués aux infusions de plantes, le thé se diffusera lentement, il progressera et ira se répandre dans tout le Maghreb et les pays subsahariens.

Pour les populations sahariennes, le thé fait partie des 3 boissons essentielles à la vie dans le désert : «L’eau, c’est la vie. Le lait, la survie. Le thé, la boisson nationale.»

A la fin du XIXe siècle, le thé à la menthe jusque là réservé aux milieux aisés, aux notables et à la bourgeoisie citadine, deviendra un élément fondamental et traditionnel de la vie sociale, jusqu’aux populations rurales du Maroc.



Devenu aujourd’hui un véritable symbole patrimonial, le thé à la menthe correspond à l'expression la plus attentionnée de l'hospitalité marocaine.
Il passe de boisson d’élite à boisson populaire.


Le thé à la conquête de l'Occident. Le cas marocain

Crédit Photo 3: Rolf K. Wegst

samedi 5 juin 2010

Impérialisme & Expansionnisme

Par de profondes réformes, une politique moderniste et expansionniste, le Tsar Pierre Ier de Russie, transforme son pays en puissance européenne importante.
En 1703, il fondera une nouvelle cité sur les rives de la mer Baltique, qu’il baptisera Saint-Pétersbourg.







Construite sur le delta marécageux de la Neva, la ville ouverte vers l’occident et la modernité, participe à l’essor de la navigation et à la croissance du commerce avec les marchands occidentaux venus par la mer.



Le Tsar Pierre Ier accèdera au titre de premier Empereur de toutes les Russies en 1721.


En 1825, l’empereur de Russie Nicolas Ier, accède au pouvoir.
En Palestine à Jérusalem, moines orthodoxes et catholiques s’affrontent pour la tutelle des lieux saints.
Dans une logique expansionniste analogue à son prédécesseur dynastique, le souverain russe apporte son soutient au Sultan ottoman confronté à la révolte des principautés chrétiennes de Moldavie et de Valachie.


Profitant de cette faiblesse, le Tsar désireux de s’implanter à Constantinople, obtient en échange la fermeture des Dardanelles reliant la mer Égée à la mer de Marmara, pour tous les navires de guerre étrangers.
Le Bosphore assure la circulation maritime de la mer Noire à la mer de Marmara.



Ces détroits sont des passages essentiels pour le commerce maritime entre l'Orient et l'Occident, la position stratégique de la cité est évidemment de première importance pour contrôler ces échanges commerciaux entre l'Asie et l'Europe.




En 1852, le clergé orthodoxe est injustement écarté des dissensions religieuses, Nicolas Ier décide d'intervenir auprès du gouvernement ottoman en faveur des communautés chrétiennes orthodoxes.
Légitimant ainsi le contrôle, le protectorat et l’occupation à titre de garanties matérielles sur les principautés danubiennes de Moldavie et de Valachie.
La Russie devient garante de l’indépendance de l’empire Ottoman qui semble affaibli, mais sous la pression du Royaume Uni, l'empire refuse toute ingérence à sa souveraineté intérieure.





Pour faire face à cette ambition impérialiste qui pèse sur l’Empire ottoman, le sultan Abdülmecit Ier déclare la guerre à la Russie le 4 octobre 1853.




La guerre de Crimée (1853-1856) fut un conflit entre la Russie impériale et une coalition comprenant l’Empire ottoman, le Royaume Uni, l’Empire français et le royaume de Sardaigne.